lundi 21 juin 2010

Pour une stratégie de conquête des esprits

Nous vivons une époque riche en évènements et nous voyons bien que la situation évolue de jour en jour à l’avantage des forces de la résistance. Certes, nous partons de loin et il reste du chemin à parcourir, mais le mouvement semble cette fois-ci bien enclenché. Le balancier de l’histoire finit toujours par changer de trajectoire et je pense sincèrement que nous avons dépassé le point de bascule depuis quelques temps déjà.

A cet instant précis nous avons besoin de conforter le mouvement. Il faut donner un coup de pouce décisif au balancier pour que son élan ne soit pas brisé net. La situation n’a jamais été plus à notre avantage. L’état d’esprit de la population nous sert, nous disposons d’un média alternatif, l’Internet, dont nous pouvons encore très largement développer l’impact. Le système joue la montre et nous savons comme lui que c’est sa seule chance de gagner. Raison de plus pour pousser notre avantage.

Malheureusement, cet élan ne se traduit guère dans les faits et n’a pas une très forte visibilité, ce qui empêche les gens de se déterminer publiquement et de créer massivement par leur « coming-out résistant» un effet boule de neige dans leur entourage. Par ailleurs, nous ne sommes pas suivis concrètement par les masses qui préfèrent se résigner à l’option « Faut que ça pète ! », n’entrevoyant pas d’issue raisonnable à leurs malheurs. Tout se passe un peu comme si nous nous trouvions au cours une veillée d’arme qui ne dit pas son nom mais que chacun ressent plus ou moins consciemment. Nous sommes responsables de cet état de fait et c’est une chance car nous avons donc une marge d’action importante sur ce point.

Le divorce entre le peuple et les élites semble consommé. C’est un phénomène indéniable sur lequel nous devons non seulement nous appuyer mais que nous devons renforcer par tous les moyens.
En parallèle, nous devons amener la grande majorité du peuple à nous rejoindre et pour cela adopter des positions acceptables par le plus grand nombre sans pour autant nous renier sur l’essentiel qui demeure l’inversion rapide et déterminée des flux migratoires. On évitera ainsi les ralliements tendancieux porteurs de dissensions et de divisions, peu constructifs à long terme.

Le désaveu des élites est total et nombreuses en sont les manifestations. Une très large partie de notre peuple sait à qui nous devons nos problème et qu’ils ne seront pas résolus en appliquant les vieilles recettes maintes fois usitées. Nous devons enfoncer le clou et faire comprendre aux gens qu’il n’y a pas d’espoir à attendre de ceux qui sont responsables de la situation. Il faut absolument faire passer l’idée que nos dirigeants sont des ringards, incapables d’évoluer et qui s’entêtent à prendre des décisions inefficaces voire nuisibles. Leur politique mène à la violence dont nous ne voulons pas. Ils sont les fauteurs de guerre, ceux qui ont systématiquement dénigré les esprits éclairés qui ont donné l’alerte depuis des décennies, empêchant de fait l’émergence de toute réaction salutaire. Les élites ont eu 30 ans pour régler les problèmes et pourtant chaque jour la situation empire. Doit-on laisser le pouvoir encore pendant 30 ans à ces irresponsables ? Chacun sent bien que ce serait une lourde erreur.

Nous devons systématiquement rappeler leurs échecs, leur conseiller de se taire, de faire preuve d’humilité. Nous ne voulons plus entendre les donneurs de leçons. A tout moment, où que ce soit, nous devons en faire systématiquement les coupables, dans chaque débat, dans chaque confrontation, à chaque fois que nous commentons un article de leur part. Cette tâche doit être une priorité pour tous. Ils doivent devenir les méchants, ceux qui nous ont mis dans le pétrin et à qui nous devons d’être aujourd’hui à la veille de la guerre. Il sera alors temps de montrer qui sont les vrais gentils, les sauveurs, ceux qui veulent le bien de tous leurs contemporains.

Nous ne sommes pas des sauvages. Nous sommes les héritiers d’une civilisation, sans doute la plus avancée de tous les temps. C’est peut-être ce qui cause notre perte momentanée, mais c’est également ce qui doit nous permettre de résoudre dignement le problème inédit dans son intensité qui se présente à nous. Nous n’avons pas à agir comme des barbares mais plutôt à saisir l’occasion qui nous est donnée de faire preuve d’humanité. Les barbares, ce sont les autres, les hommes du passé qui nous entraînent vers la chute par leurs décisions mortifères, poussant par leurs actes irraisonnés les communautés à se dresser les unes contre les autres, ce que nous refusons absolument.

Héritiers d’une culture où les droits humains ne sont pas niés, nous devons régler nos problèmes humainement et nous pouvons le faire. Nous sommes d’ailleurs les seuls à pouvoir le faire car nous sommes déterminés et visionnaires. C’est notre ultime chance d’éviter la confrontation et il faut le faire savoir à nos compatriotes. Disons comment nous allons faire, qui doit partir. Manions la carotte et le bâton, durs avec les forts mais doux avec les faibles. Nous avons les moyens de nos ambitions. Nos finances sont utilisées pour nous maintenir dans l’assujettissement, orientons-les vers une grande politique humaniste de remise en ordre des équilibres démographiques et économiques. Pourquoi dépenser notre argent pour des prisons en France alors qu’on peut payer moins cher des écoles au Mali ?

Adoptons la seule démarche qui vaille, l’aide à la relocalisation sur leurs territoires historiques des populations indignement déportées par ceux qui ont une conception utilitariste des hommes et des mouvements migratoires. En menant avec générosité cette politique dans le respect de la personne humaine nous tenons une chance historique d’organiser le développement harmonieux de sociétés voisines homogènes et apaisées.
Par le passé le genre de conflit que nous vivons se réglait dans le sang, aujourd’hui, nous sommes armés pour prendre les sages décisions qui éviteront de recourir une fois de plus à la violence. L’histoire nous a appris à être responsables et comptables de la vie d’autrui.

Rejetons une bonne fois pour toutes la tunique de Nessus que le système nous fait porter. Inversons définitivement les rôles de méchants et de gentils abusivement attribués par nos adversaires et encore largement présents dans l’esprit de nos concitoyens, du moins en ce qui nous concerne. Abandonnons le seul registre de la dénonciation et adoptons la démarche constructive qui nous absoudra des pêchés qu’on nous prête. Présentons-la au public qui n’attend que ça.

Parallèlement, soyons fiers d’être ce que nous sommes et d’avoir eu raison avant les autres. Les nuls c’est eux. Laissons dans l’histoire la trace d’un peuple évolué, humain dans la fermeté, ferme dans la dignité. C’est la porte de sortie que nous devons offrir à nos concitoyens. Il serait irresponsable de ne pas le faire car l’autre porte ouvre sur le pire. Portons ce message et soyons-en fiers car il est juste, équilibré et mesuré. Il n’y a pas de troisième voie, le temps presse.